Marc 8.27-35

En communion avec toutes les Églises chrétiennes en Europe, nous prêchons sur l’Évangile selon Marc 9.30-37 :

Chers internautes, dans parole pour tous, un pasteur qui a commenté  ce même texte a donné comme titre : « Des disciples paumés ».

Après le succès de sa prédication en Galilée, Jésus sent bien que la tension monte, que l’étau se resserre, qu’il devient dangereux pour lui comme pour ceux qui le suivent de se manifester trop ouvertement. Il a vu se dresser contre lui des groupes influents et il n’a pas cessé de les bousculer, d’interroger leurs préjugés, de dénoncer leurs étroitesses, mais, surtout, il a provoqué les prêtres en remettant en cause l’image qu’ils se faisaient de Dieu.

Du coup, les conflits se multiplient et les pièges deviennent de plus en plus fréquents. Il est temps qu’il se cache. Mais le texte de Marc laisse penser, et les deux interprétations ne s’excluent pas, que Jésus a besoin d’être seul avec ses disciples pour leur parler de ce terrible horizon qui le bouleverse : sa mort qu’il pressent toute proche. Et même s’il affirme que « trois jours après, il ressuscitera », cette seconde annonce de la passion plombe tellement l’ambiance que les disciples « ont peur de l’interroger ».

N’ont-ils vraiment rien compris en chemin ? On dirait que cette annonce qui les paralyse préfigure le moment de l’agonie au jardin des oliviers quand les plus proches se sont endormis.

Sur la route de Capharnaüm, ils ne dormaient pas mais pire : ils discutaient de la succession ! J’exagère. Mais, c’était en bonne voie. Comment pouvaient-ils se disputer pour savoir qui était le premier, le plus grand, le plus important alors que lui venait de leur parler de sa mort. Il y a sans doute plusieurs « décalages horaires » dans l’Évangile, mais celui-ci est immense.

Entré dans la maison de Pierre, leur lieu de refuge habituel à Capharnaüm, Jésus s’assied et les appelle. Les voilà en cercle autour de lui. Il ne s’énerve pas. Il aurait pu ! Il ne leur fait pas la leçon. Ni reproches ni sermon. Car il sait bien que le groupe est brisé. Doublement. Par l’orgueil autour de la primauté et par le découragement autour de la mort. Alors il prend un enfant et le place au milieu d’eux. Voilà sa réponse à leurs questions de préséance. Là où ils en sont encore à disserter de positions sociales et de hiérarchies, il lui suffit d’un mouvement des bras pour leur dire le sens de la grandeur. En quelques secondes, il pose devant eux, médusés, un geste bien plus radical qu’il n’y paraît à première vue. Dans un magnifique soulèvement de tendresse, il leur présente un enfant parchemin à travers lequel il écrit le cœur de son testament : l’avenir est aux fragiles et à ceux qui leur ressemblent.

Les enfants, à l’époque, ils se faufilent, ils mendient, ils s’agglutinent, et, le plus souvent, on les repousse et on les chasse comme des moineaux, pour les faire s’envoler. Jésus en attrape un au vol… et l’assied sur ses genoux.

Un enfant pour traverser la passion.

Un enfant pour résister à la mort.

Et puis il l’embrasse. Quelle investiture ! C’est qu’en l’embrassant, il ouvre un abîme devant eux : le plus grand, c’est lui ! Le printemps, le voilà ! La résurrection, vous l’avez sous les yeux… « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille ». (Marc 9,37).

Je devine qu’après cela, Jésus le laisse aller avec une petite tape d’encouragement sur l’épaule, pendant que les disciples, encore déconcertés, le voient s’envoler dans un grand rire.

 

A Dieu seul la gloire. Amen.

Chers internautes en Christ, ce dimanche 16 Septembre 2018, en communion avec toutes les Eglise chrétienne en Europe, nous méditons sur Marc 8.27-35.

Marc nous rapporte un moment décisif entre Pierre et Jésus. Satan veut inspirer à l’apôtre de ramener le messianisme du Christ à ses vues. Les vifs reproches par lesquels Pierre espère réduire la mission de Jésus ne lui sont pas inspirés par l’Esprit. « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu. »

Édulcorer le drame de la croix, c’est altérer de façon déterminante le salut incarné par Jésus. Il sera constitutif du disciple de porter en lui une communion au don total du Christ pour le monde. Nous avons, en ce texte, la seule mention de la croix, en tout l’Évangile de Marc, avant le récit de la Passion. La Pâque du Christ ne se vit pas par des chemins optionnels. Parce qu’il aime jusqu’au bout, Jésus sauve en plénitude. Satan doit passer derrière ! Aussi rusé soit-il, sa caractéristique essentielle est son incapacité d’aimer comme Jésus aime. Tout au plus le diable se revêt-il d’un oripeau faisant illusion de séduire les hommes à leur convenance.

Calvin a admirablement affirmé que Satan est « l’ami qui ne reste jamais jusqu’au bout ». Satan doit passer derrière ! Ainsi le disciple ne s’interposera plus sur le chemin de Croix de son Maître et Seigneur. Le disciple saisira du dedans de lui que sa mission est de suivre. Suivre, et ne pas entrer en vaine tentation de précéder le Sauveur des hommes. « Passe derrière moi » résonne ici à la profondeur du « Venez à ma suite ». Jésus ne souhaite pas que quelqu’un ou quelque chose entrave la révélation plénière de lui-même. Le « Pour vous qui suis-je ? » est, en son cœur, intimement lié à son désir d’être suivi « à cause de Lui et de sa Bonne Nouvelle ».

. Jésus ne peut agréer aucune réduction ou aliénation à la prédication de qui il est en vérité par amour des hommes. Vive interpellation pour l’aujourd’hui de notre pastorale ! Au rendez-vous des cultures de ce temps, ni terrifier l’humanité, ni l’abêtir par un langage qui, en ces deux postures extrêmes, serait infantilisation ou démagogie. L’Église n’est ni une secte recevant mission d’apeurer l’humain, ni un caméléon se satisfaisant d’épouser son relativisme. Une pastorale ajustée au désir du Christ se reçoit de Lui ! C’est en se faisant humble chercheur de la réponse au « qui il est » pour soi que s’acquiert, pas à pas, la capacité de l’annoncer au monde. Prêcher le Christ en la plénitude de son dessein d’Amour. Le célébrer dans la foi de sa Pâque pour tous les hommes. Le servir dans le plus fragile de nos frères.

Saint Augustin nous est précieux. Il insistait tant pour que le prédicateur du Christ soit en incessante conversion : « Qu’il soit homme d’oraison avant d’être homme de paroles. Quand s’approche l’heure de parler, avant de donner la parole à sa langue, qu’il lève vers Dieu son âme assoiffée, pour faire jaillir et répandre au dehors ce dont il sera rempli. » Ce qui advient à Pierre en cet évangile lui est, et nous est, infiniment salutaire. Nous prétendons en effet tant de fois détenir la clé ultime de qui est le Christ et comment doit en vivre son Église. Nul ne témoigne de « Jésus Vérité » qu’en Le cherchant toujours.

A Dieu seul la gloire. Amen.

Marc 9.30-37

Laisser un commentaire